Notre Seigneur Jésus-Christ

Samedi Saint, le 11 avril 2020

Agonie de Notre Seigneur dans le Jardin des Oliviers

La très grande souffrance morale que J’ai éprouvée est celle du Jardin des Oliviers, Gethsémani, où J’ai ressenti la pestilence du péché. Le péché est tout ce qui M’était contraire et pour M’offrir au nom des pécheurs à la réparation due pour ces si nombreux péchés réprouvés de tous les hommes, il Me fallait les goûter dans leur poison, les ressentir avec dégoût dans Ma sensibilité, entrer dans les pensées de ces mécréants, de ces fornicateurs, de ces assassins, de ces orgueilleux, vaniteux et prévaricateurs.

Je les assumais tous et la répulsion inouïe que J’en éprouvais Me fit transpirer du sang. Je suppliais Dieu d’accepter Ma mission de Sauveur, de Réparateur, de Sacrificateur et de Sacrifié. Je Me sentais veule et repoussant, et toute l’horreur de Ma situation de pécheur apparent Me terrifiait. Je Me sentais comme un déchet de l’humanité, comme un repoussoir qui ne méritait même pas que l’on s’attarde à le voir ou à l’entendre. Je retournai vers Mes disciples qui étaient fatigués de veiller et qui s’étaient endormis. ʺRéveillez-vous, leur dis-Je, veillez et priez car l’heure est dramatique et il ne faut pas l’ignorer. Priez, priez, priez.ʺ

Je repartis et là encore Je fus attaqué par l’horreur de la chute de l’humanité. Elle n’était plus rien par rapport à ce que J’avais prévu pour elle. La sainteté avait disparu, la beauté était malmenée, la douceur de l’union avec Dieu avait disparu et semblait ne même pas exister. Je ne reconnaissais rien de ce que J’avais réalisé dans Mon Plan divin de création de la Terre, de l’humanité et de la présence de Dieu avec elle. Tout M’était rébarbatif, tout M’était aliéné mais les Plans de Dieu étant sans repentance, Je désirais tout récupérer, tout nettoyer, tout pardonner, tout rehausser. Je retournais vers Mes disciples, dans le secret espoir de les trouver priant et quelque peu unis à Ma détresse. Ils s’étaient endormis de nouveau, les pauvres, ils n’étaient pas différents de l’humanité déchue. ʺVeillez et priez, leur dis-Je de nouveau d’une voix pressante, car l’ennemi, lui, ne dort pas. Ne vous laissez pas envahir par la mollesse parce que l’ennemi, lui, est agile, vif et prompt. Gardez-vous de vous laisser tenter, la tentation est permanente et vous êtes si fragiles.ʺ

Je repartis prier, et le dégoût M’envahit de nouveau. Un dégoût nauséabond de l’enfer qui avait pris possession de Ma création, qui la dirigeait et emportait dans l’abîme tant d’âmes et de désordres. Je vis la tanière infâme dans laquelle se trouvaient tapis les anges déchus et ils Me regardaient avec haine, rancœur et mépris. Moi, un homme, saint sans doute, instruit sans doute, aimé de Dieu sans aucun doute, mais terrassé comme un ver sur lequel on peut marcher, l’écrasant sans le tuer d’abord, pour le faire souffrir et puis, l’ayant tué, l’entraîner dans leur abîme. Quelle joie malsaine pour eux, quelle victoire sur ce Dieu qui les avait déchus et avec qui ils n’espéraient plus se mesurer, voici une pièce maîtresse, certainement, qu’il faut à tout prix prendre dans leur filet.

Ils virent cet homme beau, digne, hors du commun, qu’ils n’avaient pas pu faire tomber dans leurs pièges, se ternir sous leurs yeux et, malgré sa grandeur et sa piété, voici qu’il leur semblait atteint de toutes les maladies des hommes pécheurs de la terre. Il leur apparaissait de plus en plus sombre et d’innombrables taches peccamineuses leur apparaissaient, ternissant l’apparence de cette âme qu’ils convoitaient. Un ange les tint à distance et parut le fortifier.

Ensuite, le même homme, la même âme se leva et partit au-devant d’une cohorte d’hommes armés. Les démons étaient avec eux et d’autres étaient avec l’Homme qui avait pris à leurs yeux une apparence moribonde. Les âmes moribondes étaient, de façon générale, celles que les démons emportent avec eux dans l’abîme dès que le corps s’arrête de respirer. Cet Homme avait à leurs yeux une âme moribonde ; pourquoi ? Ce n’était pas une question qu’ils se posaient, qu’Il n’eût jamais péché, qu’Il ne fut jamais tombé dans leur filet, leur importait peu maintenant. Ils le voyaient pécheur, très pécheur ou plutôt marqué par le péché, par de très nombreux péchés ; eh bien, soit ! Qu’Il soit à eux pour l’éternité leur était une satisfaction étonnante mais pourtant bien atteignable. Ils s’acharnèrent sur Lui par toutes sortes de souffrances et les hommes qui s’en chargèrent furent encouragés par leurs sifflements et leurs débordements.

C’est ainsi que lorsque le Seigneur Jésus-Christ, abandonné de Dieu et des hommes (Is. 53), rendit Son dernier souffle, l’enfer tout entier se tenait là, invisible aux yeux des hommes et de la création temporelle, mais bien visible à Celui qui offrait le sacrifice de Sa Personne. Vint alors le moment tant attendu de la ‘prise’ de cette âme qui leur avait donné tant de préoccupation depuis Sa naissance. Ils se jetèrent sur Elle et L’agrippant, ils L’entraînèrent avec eux dans leur antre. Jésus, alors, se dressant majestueux et avec une Autorité inconnue jusqu’alors, leur fit lâcher prise et leur ordonna de manière cinglante et sans réplique, de Le laisser aller et Il s’échappa de leur emprise.

Ce moment, qui ne fut pas temporel, fut néanmoins un temps de déchéance et de peine due au péché. Ce temps fut une épreuve nécessaire car si le Saint Sacrifice de la Croix de Jésus-Christ devait être pour les hommes un moyen de salut et de conversion, la victoire de l’Ame sur les démons devait de même être un signe de la maîtrise divine jusque dans les enfers et sur les démons. Ce signe était le juste tribut de leur part dans la destruction de l’œuvre divine, de la crucifixion de l’Homme-Dieu et leur humiliation, prélude à leur humiliation de la fin du monde.